Notre histoire

« A moins d'un miracle, vous ne tomberez jamais enceinte »

Voilà comment nous avons appris notre infertilité...

Quand nous nous sommes mariés mon mari et moi, nous avons tout de suite voulu des enfants. Une grande famille. Nous sommes tous les deux les ainés de 5 enfants, et pour nous il était normal d’avoir des enfants…même inconcevable de ne pas en avoir.

Nous nous sommes mariés en 2006, nous avions 28 ans. Dès le départ, il était clair pour nous que nous voulions fonder une famille le plus rapidement possible, sans attendre vue notre âge, et nous étions sûrs qu’avant notre premier anniversaire de mariage nous aurions le joie d'être parents. Notre vie était déjà toute plannifiée...Stéphane trouverait un bon travail, je tomberais enceinte rapidement, nous achèterions une maison modeste...nous avions même plannifié que je reste à la maison m'occuper des enfants. J'en ai toujours rêver...des petites mains toutes farinées à faire des sablés, un petit seau et une pelle à jardiner, des histoires en sortant du bain, il me tardait même de passer des nuits blanches à m'occuper de mes enfants malades plutôt que de ceux des autres. Il me tardait les calins tous chauds en sortant de la sieste et les coloriages aux mille couleurs. Je voyais les premiers pas hésitants et les premières gamelles à vélo. Une de mes soeurs nous avait même acheté ce Noël là des doudous roses et bleus, en prévision.

Une année est passée et pas de grossesse en vue. Je me souviens avoir pensé que ce n’était pas grave, une femme a 25% de chances de tomber enceinte à chaque cycle, nous avions été séparés quelques mois pour le travail, il n’y a pas de quoi paniquer. Je venais de finir un travail particulièrement épuisant et il fallait peut-être que mon corps se remette en forme ?  Ah oui il faut que vous sachiez une chose, je suis infirmière aux urgences. A l’époque je travaillais de jour et de nuit, sur des 12h avec parfois des semaines de 70 heures.  Alors c’était peut-être normal pour moi de ne pas tomber enceinte…j’ai mis ça sur le compte de l’épuisement et des 15kg pris en 2 mois (le mariage et les bons petits plats pour épater son mari....!). Malgré tout, il m’est arrivé de faire quelques tests de grossesse, avec le secret espoir d’avoir un positif. La vie a continué, nous avons changé de région, changé de travail, changé de maison (le changement est bon à ce qu’il parait pour faire des bébés !). Deux ans et toujours rien. Là nous avons commencé à nous poser des questions. Nous avons pris rendez vous chez ma gynécologue qui nous a prescrit quelques examens et qui m’a conseillé de surveiller ma courbe de température pour dépister mes ovulations plus facilement. Grosse erreur, ça m’a bloqué plus qu’autre chose ! 


Nous avons hésité avant de faire les examens. Je pense parce que nous avions peur du résultat. Peur de ce qui pouvait bien se profiler. Nous avions entendu parler de l’infertilité, mais ça nous paraissait tellement impossible que ça puisse nous arriver à nous, que quelque part pourquoi faire les examens ?  Et puis nous nous sommes décidés…

That's what happen to me having a baby... Infertility Humor!  LMFAO!!! Sorry but I have to laugh at this or else I would cry!!!Un soir de juillet, je suis passée au laboratoire pour récupérer les résultats. Ce soir là nous avions une réunion importante dans notre Eglise et j’avais proposé à Stéphane de passer le prendre au travail et d’y aller ensemble. Je suis rentrée dans le laboratoire, souriante et confiante, comme d’habitude, certaine que tout irait bien, que le spermogramme serait parfait et que finalement c’était une bien belle journée. La biologiste est descendue de son bureau,  m’a tendu les résultats et m’a dit, devant tous ces gens qui venaient eux aussi récupérer leurs résultats « c’est très très mauvais, il vous faudra l’aide de la médecine. A moins d'un miracle vous ne tomberez jamais enceinte ». A cet instant ma vie a changé. Mon cœur s’est arrêté. Ce que je redoutais tant devenait réel. Il devait forcément y avoir une erreur. J’ai souri et j’ai répondu machinalement« Je crois aux miracles », j’ai récupéré le papier qui me brûlait les doigts et je suis sortie. Je suis rentrée dans la voiture et j’ai pleuré. Il fallait que je pleure. J’ai regardé les résultats des analyses et j’ai compris ce que la biologiste voulait dire. On ne partait pas gagnant. J’ai vu notre vie bouleversée. J’ai vu la catégorie à laquelle nous appartenions dorénavant : les couples infertiles. J’ai vu notre rêve de famille nombreuse s’effondrer. J’ai vu la guerre qui s’en venait.  Mais il me restait encore une chose à faire : l’annoncer à mon mari, à cet homme que j’aime du plus profond de mon cœur, cet homme que je veux protéger de la souffrance et de la douleur à tout prix.
Quande je suis arrivée sur le parking de son travail, il est descendu du bureau et m’a dit:
« Et alors ? »
J’ai pris une profonde inspiration et j’ai répondu « Je suis désolée mon amour, les résultats ne sont pas bons, même pas bons du tout »
Nous avons épluché les résultats, analysé, tordu les chiffres, fait des calculs, essayé de voir de l’espoir dans les résultats, mais rien.
Mon mari a sourit, j’ai pleuré.
Nous avons encaissé le choc chacun à notre façon. Nous sommes remontés dans la voiture, et nous sommes partis à notre réunion. Elle consistait à trouver des solutions pour aider ceux en difficultés dans notre Paroisse. Ce soir là a été un  supplice pour moi. Maintenant je partais en guerre.

not alone... but sure feels like it sometimes #infertilityLe long parcours du combattant a commencé ce jour là. Les rendez-vous se sont enchaînés les uns après les autres, gynécologue, biologiste, laboratoire, radiologue, infirmière à domicile, anesthésiste. A partir de ce moment là, mon corps ne m'a plus appartenu. Nous avons attaqué directement avec la FIV ICSI, les autres solutions de PMA n'étant pas envisageables dans notre situation. La première FIV a été une catastrophe et s'est soldée par un échec lamentable. J'ai souffert physiquement et émotionnellement. Jamais je n'avais pensé un jour souffrir comme ça. Faire un bébé est une affaire très intime, réservée au couple, mais quand on met un pied dans l'engrenage du PMA, ça devient l'affaire d'une bonne vingtaine de personnes. La fécondation ne se fait même pas à l'intérieur de la femme. Nous avons vécu les quelques semaines du protocole FIV sous un stress énorme, enchainant les échographies par voie basse, les prises de sang, les résultats à récupérer avant 14h pour réadapter les traitements, les injections à faire à des heures bien précises, les rendez-vous pour la ponction et le don de sperme, ajouté à ça l’angoisse de savoir si il y a eu des ovocytes de bonne qualité de prélevés et si ils ont été fécondés sans trop de soucis, le nombre d’embryons toujours vivants à 3 jours, l’état de mon utérus pour le transfert…On ne vit pas, on survit.

Passer par l'étape FIV est un réel sacrifice. Et bien souvent les gens autour de nous ne savent pas, ne comprennent pas ou pire pensent savoir. Tout ce que je peux dire c'est que seuls ceux qui passent par là peuvent comprendre la douleur et la souffrance engendrées. Les "conseils" sont particulièrement difficiles à accepter. Nous avons reçu je ne sais pas combien de conseils de personnes pensant bien savoir: "vous êtes trop stressés",  "prenez des vacances", "vous êtes jeunes, vous avez le temps", "vous devriez essayer l'huile de foie de morue, ça marche à tous les coups", "tu travailles trop à l'hôpital, c'est de ta faute", "arrêtez d'y penser et ça viendra", "vous devriez adopter, ça se débloque juste avant que l'enfant arrive", "tu n'es peut-être pas prête à être mère", "Je te comprends tellement, j'ai attendu 6 mois pour avoir mon premier", "bon vous en êtes où vous avec les bébés (devant une bonne dizaine de personnes)" "ben si cette FIV ne marche pas, tu referas une autre tentative, c'est pas grave" "tu as essayé de mettre un coussin sous le bassin?".....voilà le genre de choses (et je dois en oublier) auxquelles sont confrontés ceux qui ne peuvent avoir des enfants facilement. On se sent bien seul et incompris. C'est peut-être ce qui renforce tellement un couple...parce qu’on se sent seul on se tourne l'un vers l'autre et on avance main dans la main.

You were given this life because you are strong enough to live it. #infertility #inspiration #hopeLa 2ème FIV tentée quelques mois plus tard a également été un échec. Je n'ai jamais autant souffert, j'ai cru mourir tellement mon corps a été bouleversé par les traitements. J’ai fait une belle hémorragie sur la table d’opération, une hyperstimulation avec de l’ascite (de l’eau dans le péritoine), et pour couronner le tout, la rachi anesthésie n’a pas marché, j’ai été ponctionnée à froid et j’ai eu une fuite de liquide céphalo-rachidien dans le canal rachidien. Mais nous avons fait face à chaque étape, nous avons avancé ensemble, avec l'espoir que nous réussirions à avoir cet enfant dont nous rêvions tant.

La fécondation a eu lieu le jour de l’anniversaire de Stéphane, avec un résultat le jour de la Saint Valentin, avec un terme de grossesse le jour de notre anniversaire de mariage. Ca ne pouvait que marcher ! On lit des dizaines et des dizaines de témoignages sur internet de couples qui ont eu des miracles aux dates spéciales : le jour de noël, le jour d’un anniversaire, un premier janvier etc…Nous aussi nous aurions ce miracle ! Quelle belle histoire à raconter à notre postérité !

It never made me cry before struggling with infertility, but now? Totally tearing up at this still image.
J'ai fait la prise de sang qui confirme un début de grossesse tôt le matin. Stéphane est partit quelques heures plus tard pour l’enterrement de sa grand-mère décédée 3 jours plus tôt et en chemin il s'est arrêté pour récupérer les résultats de la prise de sang...Dès qu’il est partit j’ai eu mes règles. Il m’a appelé pour me donner le verdict, négatif, encore.  Dans ma tête, ma souffrance n'avait pas été assez grande pour mériter d'être mère. Le sacrifice à offrir n’était pas encore à la hauteur de cette noble responsabilité d’être maman. Je n'avais pas encore gagné ce droit sacré (c'est drôle comment le cerveau réagit dans la douleur). Stéphane m'a donné les résultats par téléphone, je lui ai assuré que tout irait bien pour moi, que de toute façon on s'en doutait, et que le plus important maintenant était pour lui de vivre son deuil auprès de sa famille, il en avait besoin et c’était important. J'ai raccroché et j'ai regardé autour de moi, comme si je découvrais ma cuisine pour la première fois. Qu'est ce que j'étais supposée faire maintenant? Pleurer? Manger de la junk food? Dormir? Courir (vue mes ovaires en ballons de foot, ce n'était pas vraiment une bonne idée!). Je suis sortie de ma stupeur finalement et j’ai décidé d’aller faire 2/3 courses et d’acheter compulsivement tout ce que je voulais. Je suis rentrée avec 4 DVD, des côtes d’agneaux, une entrecôte, des Princes, des bonbons, des chips et un orangina. Une fois mes « trésors » sur la table j’ai été prise de nausée et j’ai décidé de prendre un bain. L'eau me relaxe et m'apaise. Elle me détend et m’aide à prendre de bonnes décisions. Et j’avais besoin de prendre des décisions. Je suis une femme d’action, pas une femme de désespoir. Je suis une femme forte, qui ne se laisse pas abattre par l’échec. Il fallait que je trouve une solution et vite! Je me suis immergée dans l’eau, j’ai fixé le mur et là, je me suis littéralement effondrée, la douleur était trop lourde à porter, je ne pouvais plus la gérer. Mon cœur venait de voler en éclat. Aucune souffrance, aucune détresse n’était aussi grande que la mienne. Je me suis autorisée à pleurer toute la douleur que j’avais au fond de moi-même, de crier cette injustice, d’en vouloir à la terre entière de souffrir autant, tant dans ma chaire que dans mon cœur. Et j’ai pleuré, pleuré jusqu’à épuisement. Je suis tellement tellement reconnaissante à Stéphane d'être partit à l’enterrement de sa grand-mère ce jour là. J'avais besoin de ce temps de solitude, de ce temps de désespoir.

“The depression and anxiety experienced by infertile women are equivalent to that in women suffering from a terminal illness”     -Alice Domar, Ph.D., director of the Mind/Body Center for Women’s Health in Beth Israel Deaconess Medical Center at Harvard Medical School .Les mois qui ont suivi ont été terribles. Les pires de mon existence. A l'époque je m’occupais des femmes dans notre Eglise, j’aidais celles en difficultés et mon devoir était de donner, de m'occuper des autres. Mon travail est déjà de donner sans compter, et là il fallait que je continue à donner à tout le monde partout alors que j'étais bien vide au fond de moi! Ma coupe ne contenait que les minuscules gouttelettes d'eau qui me permettaient d'avancer au jour le jour. Je ne savais plus qui j'étais. Si je ne peux être mère, alors à quoi je sers?? Quelle est ma place?  Et maintenant je fais quoi? Je reste infirmière toute ma vie, à m'occuper des autres alors que mon cœur crie vouloir s'occuper des miens.  J’ai cherché des solutions dans les livres, j’ai lu des milliers d’expériences de femmes qui un jour ont eu leur miracle. J’ai fouillé dans internet à la recherche de témoignages de femmes qui n’avaient pas eu leur miracle, mais qui s’en sortait malgré tout, mais là je n’ai rien trouvé. J’étais à la recherche d’un déclic, d’une parole, d’un mot qui soulagerait mon cœur. J’ai prié pour un dos plus fort. Je cherchais une réponse, une lueur d’espoir, un clin d’œil du ciel. Rien. J’ai pris des distances avec ma famille, j’ai essayé de leur cacher ma douleur mais j’ai finalement craqué.


Et un jour j’ai quand même sentie que je devais rassurer ma maman. J’ai envoyé un email, lui disant que je ne pouvais pas parler. Que c’était trop douloureux, mais que le jour où ça irait mieux, je le ferais. Je m’attendais à une réponse du genre « je comprends, prends ton temps ». Non, à la place j’ai reçu : « parler permet de faire retomber le sable et de retrouver un océan calme et beau ». J’ai pris le téléphone et j'ai pleuré pendant 3h avec ma maman

infertilityUn an plus tard, nous avons décidé de re tenter un transfert d’embryons congelés (les 3 qu’il nous restait), avec une stimulation beaucoup plus douce. Nous avons TOUT fait pour que ça marche, nous avons dépensé des centaines et des centaines d’euros en ostéopathe, vitamines, acuponcteur, vacances, alimentation saine (ne me parlez plus de jus d’ananas, je suis plus capable !!) etc. Nous étions sûrs que ça marcherait ! Nous avons tout fait, le gynécologue était très très optimiste et mon utérus était magnifique. Les conditions étaient idéales ! Enfin, j’allais avoir mon test de grossesse positif ! Depuis le temps que nous en rêvions ! On m’a transféré 3 embryons en très bonne santé (si on peut dire ça !) et je me suis amusée à espérer une grossesse multiple. Quitte à tomber enceinte, autant en faire 3 d’un coups, non ?! Je me suis mise en arrêt maladie, de façon à mettre toutes les chances de notre côté. Et au 12 ème jour j’ai le ventre qui a commencé à gonfler…dans ma tête le mot « hyperstimulation » a commencé à clignoter en rouge. J’ai attendu une journée, histoire de voir si ça passerait, et le lendemain nous avons appelé le gynéco qui nous a dit de venir rapidement. Il m’a envoyé illico faire mon dosage des Bhcg en me disant que bien souvent il y avait hyperstimulation quand il y a un début de grossesse, donc c’était encourageant ! Nous avons attendu une heure les résultats...c’est fou ce qu’une heure ça peut être long! La laborantine nous a appelé et m’a tendu le papier plié. J’ai cru que mon cœur allait s’arrêter ! Ca y est, le positif arrivait !! J’ai ouvert la lettre, j’ai lu les chiffres et là je n’ai pas cru ce que je lisais. Stéphane m’a regardé et m’a dit « alors ??? » et je n’ai pas eu le courage de lui dire. J’ai pris une bonne inspiration et on s’est regardé, vous savez de ce regard profond que seules les âmes sœurs peuvent échanger, celui qui dit tout. Nous sommes remontés vers la voiture main dans la main, sans rien dire. Je ne pouvais pas parler…trop de larmes dans la gorge.
infertility 
Par la suite nous avons décidé d’arrêter les traitements. Nous avons décidé que les 3 tentatives étaient assez. Elles ont laissé des séquelles, chaque stimulation est une épreuve pour mon corps et je ne veux pas mourir. Cette décision n’a pas été simple, mais tellement libératrice. Le jour où nous l’avons prise, un manteau de plomb s’est décroché de mes épaules. Plus de traitements, plus de stress, d’angoisse, de fatigue, plus de maltraitance sur mon corps et mes émotions. Maintenant le processus de guérison pouvait vraiment commencer.


La guérison a été longue et semée d’embûches. Les circonstances n’ont pas changé. Nous n’avons toujours pas d’enfant. Je ne sais pas si nous aurons un jour l’occasion de tenir dans nos bras notre nouveau-né, si un jour j’aurai l’occasion de voir un test de grossesse positif (je me demande toujours quel effet ça fait). Mais je sais que j’ai de la valeur. Je sais que j’ai une place. Je sais que je suis aimée et que je ne suis pas oubliée. Je sais ces choses profondément. L’infertilité est une des plus grandes bénédictions de ma vie. Elle a permis à notre couple de se renforcer. Nous sommes unis comme jamais. Nous traversons cette épreuve ensembles, mon mari et moi, et c’est le ciment de notre mariage. L'infertilité m’a montré qui j’étais et ce que je valais…Je suis une mère pour tous ceux que je touche, pour chaque sourire que je donne, pour chaque parole d’encouragement que je partage, pour chaque larme que je sèche. Finalement le vrai miracle, ce n'est pas cette grossesse que nous attendons tant, mais cette capacité à vivre heureux malgré l'épreuve.

Tant de femmes souffrent de ce fardeau, mais comme disait je ne sais plus qui, ça prend des héroïnes pour faire face à l’épreuve suprême pour une femme : ne pas pouvoir donner la vie. Je pense que les femmes qui ne peuvent être mères sont les héroïnes du quotidien. Ces femmes qui sourient derrière leurs larmes le jour de la fête des mères, qui s’occupent des enfants des autres sans se plaindre.  Nous sommes toutes mères. Toutes. Et personne n’est oublié. Nous sommes toutes aimées. 

J’ai lu une fois que le stress induit par l’infertilité et les traitements était au même niveau que celui de l’annonce d’un cancer ou du décès d’un proche. Ne pas avoir d’enfants est un deuil à faire, qui peut prendre du temps. Et même si la guérison émotionnelle est possible, il y aura toujours des traces dans le cœur, comme un pincement, mais il se fera plus doux au fils des mois et des années. J’ai réussi à voir le soleil dans la tempête, à voir les arcs en ciel quand il fait gris. Ca n’a pas été facile, mais maintenant je peux dire que je suis épanouie, sereine, calme et détendue (sauf quand le chien se met à creuser dans le jardin, mais ça c’est une autre histoire !).


Mercredi 3 décembre 2014

Nous avons demandé à Dieu la maternité et il a dit non.

Samedi dernier nous avons appris que ce dernier cycle FIV tellement douloureux physiquement et émotionnellement était un échec. Nos embryons sont décédés juste avant le transfert. 

Cet été nous avons ressenti très très fortement que nous devions faire cette dernière fiv. C'est difficile à expliquer, mais au plus profond de nous, il fallait la faire. Nous nous sommes préparés pendant 6 mois, je me suis remise en forme pour mieux encaisser les traitements (je fais partie de ce petit pourcentage de femmes qui réagissent au quart de tout à la moindre micro dose d'hormone), nous avons fait tout ce qui pouvait être fait pour mettre toutes les chances de notre côté. 

Nous avons attaqué le traitement sereinement, avec l'assurance que quoiqu'il arrive, tout est bien...tout ira bien. Cette fiv a été une épreuve du début jusqu'à la fin, mon corps ne m'a plus appartenu, il m'a lâché je ne sais combien de fois. Mais tout au long de ce lourd processus, au fond de moi je savais que j'étais entre les mains de Dieu et qu'il a tout pouvoir. Avant de commencé il était clair pour nous que quelle que soit l'issue, ce serait la volonté de Dieu. Notre foi nous a permis de traverser les étapes sereinement malgré les terribles effets secondaires.

Je voulais être maman, j'ai toujours voulu être maman, rester à la maison et m'occuper de nos enfants. Pour moi ma place est à la maison. J'ai longtemps supplié les cieux et argumenté, j'ai même présenté un dossier de candidature en béton...j'ai promis tout un tas de choses, j'étais prête à consacrer ma vie et mes talents à ma famille. Et Dieu a dit non. 

Le choc a été violent samedi matin mais étrangement nous sommes extrêmement sereins (arrêter les hormones, ça aide!). Oui, nous qui sommes croyants savons que Dieu est un Dieu de miracle. Nous savons aussi ce que nous avons ressenti tout au long du processus. Les différentes étapes nous ont encore montré qu'être parent n'est pour nous plus envisageable (je passe les détails médicaux). Ce n'est pas un abandon, loin de là. Mais une calme assurance que les choses sont comme ça. Dieu a besoin de nous en tant que famille de 2. Je sais au plus profond de moi-même qu'il veut notre bonheur et je lui fais entièrement confiance. 

Samedi matin nous avons pleuré sur le canapé, à la pensée de nos petits embryons morts dans une boite de pétri au laboratoire. Stéphane m'a pris dans ses bras et nous avons soufflé. Ca y est, le stress intolérable de l'accès à la maternité est enfin terminé. Nous allons pouvoir vivre et non survivre.

Nous ne sommes pas découragés, nous ne sommes pas déprimés...nous sommes soulagés de nous sentir aussi légers...et portés. Nous sommes littéralement portés et guidés là où nous devons aller. Ce que nous avons appris durant ces dernières semaines est inestimable, nous n'avons jamais autant progressé en aussi peu de temps. 

Nous attendions un miracle pour noël...nous avons eu notre miracle: la ferme assurance que le Christ vit, et que nous sommes entre ses mains et qu'il a une mission bien spéciale à nous confier. Nous sommes sereins, heureux et avec des projets. Cette épreuve est terrible. Ne pas avoir d'enfant est une souffrance insoutenable...mais aussi insoutenable qu'elle soit, nous sommes soulagés de pouvoir entamer notre chemin de deuil pour de vrai. Cette FIV était la dernière.

Il n'y aura pas de petits pyjamas, de câlins tous chauds après la sieste, de rires le matin de noël...il y a mieux: une espérance éternelle avec ma main dans celle de Stéphane. 


Voilà notre histoire…J'ai réussi à retrouver le soleil dans ma vie grâce à des petites choses toutes simples...j'espère que ces quelques idées vous aideront à trouver un petit brin de consolation et de paix dans cette épreuve abominable mais incroyablement sacrée.